DESCRIPTION TECHNIQUE

Le désherbage thermique consiste à tuer les plantules de mauvaises herbes à l’aide de la chaleur. Dépendamment de son mode de cuisson préféré (flambé, steamé ou broil), trois options de supplice s’offrent à nous pour faire éclater leurs cellules gorgées d’eau:

  1. Pyrodésherbage
  2. Désherbage à l’eau chaude
  3. Désherbage aux infrarouges

Plus simplement, on a le choix entre une flamme nue, des gouttelettes d’eau bouillante ou une plaque chauffante pour éliminer les mauvaises herbes. Le désherbage thermique peut être utilisé dans toutes les cultures en pré-semis, en pré-levée, ainsi que sur l’entre-rang (s’il y a des déflecteurs pour protéger la culture!). En post-levée, le désherbage thermique s’utilise dans des cultures et stades spécifiques. Il perdra en efficacité sur des mauvaises herbes bien établies, vivaces ou graminées et divers facteurs doivent être considérés : météo, type de sol, stade de développement et type de mauvaises herbes, etc. Attention donc aux réglages et à la vitesse de la machinerie, le but ici n’est pas de déclencher un incendie mais bien de provoquer des chocs thermiques mortels pour les mauvaises herbes. Cela n’empêche, la technique a un excellent potentiel de complémentarité avec d’autres méthodes de désherbage (manuel, mécanique ou électrique) de régie intégrée. En effet, elle complémente bien le désherbage mécanique (qui remonte la banque de graines de mauvaises herbes à la surface) et présente moins d’impacts sur la santé du sol que les herbicides.

Faits saillants

Généralités

  • Alternative aux herbicides de contact

  • Se décline selon 3 options : eau chaude, flamme nue ou infrarouges

  • Efficace sur des mauvaises herbes aux premiers stades de croissance

  • Populaire dans la carotte en pré-levée, mais peut être utilisé toutes les cultures en pré-semis ou pré-levée

  • Généralement utilisée avec d’autres techniques de désherbage

  • Compatible avec le semis direct

  • Incompatible avec les paillis (sauf pour les modèles à eau chaude)

  • Applicable aux cultures maraîchères et fruitières tolérantes ou protégées par des déflecteurs

Avantages

  • Ne comporte aucun risque de résistance

  • Désherbe sans travail du sol

  • Moins dispendieux que la plupart des herbicides et que le sarclage manuel

  • Réponse à la pénurie de main d’oeuvre

Défis

  • Plus énergivore que le désherbage mécanique

  • Doit faire l’objet de précautions par temps sec sur un sol organique ou avec beaucoup de résidus

  • Risque d’endommager la culture si la vitesse, l’équipement ou les réglages ne sont pas appropriés

  • Plus les mauvaises herbes sont développées, plus elles résistent

  • Efficacité variable dépendant de la météo

  • Certains stades de la culture sont plus sensibles (ex: floraison)

  • Moins efficace sur les vivaces et les monocotylédones (graminées) car le point de croissance est protégé

Champs d'application

Sur la ferme

  • Annuelles
  • Feuilles larges

Mise en place
à la ferme

  1. Définir ses besoin en fonction de ses cultures et des particularités de sa ferme. Le soutien d’un agronome peut être un atout.

  2. Se procurer l’outil de désherbage thermique approprié et adapter les réglages à sa situation.

  3. Désherber au bon stade de développement des mauvaises herbes et tenir compte de la météo (faire attention au risque d’incendie par temps sec, particulièrement en sol organique).

  4. Suivre ses champs et répéter au besoin.

Distributeurs

Coûts

Coût d'équipement
2680$ - 9000$
Pour traiter 4 rangs

Attention! Les coût indiqués ici datent de plusieurs années, ils sont reproduits ici pour donner une idée de grandeur. De plus, il s’agit de coûts évalués pour des dispositifs expérimentaux, non pas pour des équipements disponibles de façon commerciale. Pour avoir une meilleure idée des prix, mieux vaut magasiner.

Dans une étude de l’IRDA, le coût des équipements pour couvrir 4 rangs avec un pyrodésherbeur à flamme couverte était de 2680$ et celui d’un pyrodésherbeur à flamme nue était de 9000$. Par comparaison, les sarcleurs mécaniques Torsion Weeder de Bezzerides et Finger Weeder de Buddingh revenaient à 600$ et 4000$ respectivement (pour 4 rangs), alors qu’un pulvérisateur conventionnel pour herbicides revenait à 4000$ (largeur de 8m).

Coût d'utilisation
48$/ha

Une étude de l’IRDA a estimé les coûts de passage d’un pyrodésherbeur à 48$/ha incluant la main d’oeuvre et le prix du propane avec une vitesse de 4km/h. En comparaison, le coût d’un passage de sarcleur mécanique était estimé à 28$/ha, celui d’un traitement d’herbicide anti-cotylédones et anti-dicotylédones à 168$/ha et le coût du désherbage manuel à 4300$/ha.

Subventions

Jusqu'à
5 000$
par équipement

Programme Prime-Vert Volet 1 | Équipements et pratiques visant la réduction des risques liés aux pesticides – MAPAQ

  • 5 000$ / équipement pour l’acquisition ou l’amélioration d’Équipements de désherbage thermique (pyrodésherbeur, désherbeur à eau chaude et à vapeur) jusqu’à concurrence de 10 000 $ pour la durée du programme
  • À noter que le cumul des subventions pour l’ensemble des Équipements et pratiques visant la réduction des risques liés aux pesticides ne peut dépasser 60 000$ pour la durée du programme
  • Programme en vigueur jusqu’en 2023
  • Consulter votre bureau de direction régionale ou votre agronome pour plus d’information.
Jusqu'à
50 000$
sur trois ans

Initiative ministérielle de rétribution des pratiques agroenvironnementales – Réduction de l’usage des herbicides

  • Le désherbage thermique est une des pratiques admissibles
  • La rétribution pourrait aller jusqu’à 50 000$ sur 3 ans
  • Inscriptions ouvertes du 7 mars au 30 avril 2022 uniquement, restez à l’affût d’autres appels pourraient suivre
  • Programme en vigueur jusqu’en 2024
  • Consultez le site de la Financière agricole du Québec pour plus d’information et pour vous inscrire
N.B.

N’oubliez pas. Il existe des options de financement pour étaler l’achat d’équipements neufs ou usagés sur plusieurs années. Des programmes de location d’équipements existent également.

Certains équipements étant coûteux, il peut être avantageux d’en faire l’acquisition en commun par l’entremise d’une Coopérative d’utilisation de matériel agricole (CUMA). Il est possible de joindre une CUMA existante.

Personnes-ressources

Maryse
Leblanc

Ph. D., agr., malherbologiste
IRDA

François
Biron

M.Sc., agr.
MAPAQ

Rédigé par Nicolas Chatel-Launay, B.Sc., entomologiste

En collaboration avec Maryse Leblanc, agr., Ph.D., chercheure à l’IRDA