DESCRIPTION TECHNIQUE

La lutte biologique est une méthode de lutte contre les ravageurs des cultures qui repose sur l’utilisation d’êtres vivants appelés ennemis naturels. Les ennemis naturels peuvent être des prédateurs, des parasitoïdes, des parasites ou des pathogènes. On reconnaît trois type de lutte biologique:

  1. l’introduction de nouveaux ennemis naturels;
  2. l’augmentation des populations d’ennemis déjà présents;
  3. la conservation des populations en place.

L’introduction et l’augmentation d’ennemis naturels consistent à relâcher des ennemis naturels dans les champs, alors que la conservation consiste à mettre en place des aménagements favorisant la multiplication de ceux déjà présents.

Ces aménagements permettent aux ennemis naturels de proliférer et de mieux contrôler les populations de ravageurs au champ. Un refuge est donc simplement une section de champ qui ne reçoit pas de pesticides et qui contient une flore diversifiée (fleurs, herbes, arbustes) afin d’attirer et de protéger les ennemis naturels. Les plantes présentes peuvent simplement être celles qui s’établiront après l’arrêt des traitements herbicides. Il faut cependant éviter de laisser s’installer des plantes hôtes de ravageurs comme le nerprun. Ces zones refuges peuvent être installées en milieu de champs afin d’encourager la migration des auxiliaires au milieu du champ, ou en bordure, où elles peuvent également faire office de bandes riveraines ou de haies brise-vent. D’une manière ou d’une autre, les refuges permettent de tirer profit d’une zone moins intéressante pour la culture (amoncellement de roches, pente abrupte, etc.). Le dépistage est un bon moyen à conjuguer avec l’aménagement de refuges afin de suivre l’évolution des populations d’ennemis naturels et de ravageurs, en plus de réduire le nombre d’applications et par conséquent les risques associés aux pesticides.

Faits saillants

Généralités

Avantages

  • Diminue les fluctuations des populations de ravageurs

  • Favorise les ennemis naturels et les pollinisateurs

Défis

  • Requiert la mise hors-culture d’une petite zone de champ moins productive (bordure, îlot rocheux, etc.)

Champs d'application

Sur la ferme

Mise en place
à la ferme

  1. Réduire les traitements insecticides à large spectre (IRE de plus de 100)

  2. Observer les prédateurs, les parasitoïdes et les signes de leur présence avec un biologiste ou un conseiller en agroenvironnement

  3. Mettre en place des refuges en bordure ou en milieu de champ en favorisant la biodiversité

  4. Estimer l’impact du parasitisme ou de la prédation lors des dépistages

Distributeurs

Coûts

Variable
selon les plantes choisies

Les refuges peuvent être établis à coût nul (soit simplement en cessant de cultiver une petite section d’un champ) ou au coût des végétaux implantés dans le cas d’un aménagement plus élaboré. Des coûts d’entretien peuvent également s’ajouter dépendamment de l’aménagement choisi. Il est somme toute plus simple de voir le coût comme une superficie de terres. Il sera alors plus rentable d’utiliser un morceau de terre peu productif (bordure, pente, zone humide, rocheuse ou peu productive) à cette fin.

Subventions

70-90%
des dépenses

Programme Prime-Vert Volet 1| Interventions en agroenvironnement par une exploitation agricole : Aménagements agroenvironnementaux durables intégrant des arbres et des arbustes ou étant favorable à la biodiversité – MAPAQ

  • 70-90% des dépenses admissibles jusqu’à concurrence de 40 000$ pour la durée du programme
  • Programme en vigueur jusqu’en 2023
  • À noter que le cumul des subventions pour la mise en place et l’entretien des aménagements de type haies brise-vent, bandes riveraines, bandes fleuries et autres ne peut pas dépasser 40 000$
  • Consulter votre bureau de direction régionale ou votre agronome pour plus d’information
Jusqu'à
60%
des coût du projets

Programme Mise en valeur de la biodiversité en milieu agricole – Fondation de la faune du Québec

  • Jusqu’à 60 % des coûts du projet (sur 2 ans maximum)
  • Dates butoirs annuelles pour dépôt de projet : 15 février
Jusqu'à
5 ans
de compensation financière

 

 

Programme ALUS Montérégie – Fédération de l’UPA de la Montérégie et ALUS Canada

  • Programme en vigueur pour les producteurs de la Montérégie
  • Compensation financière (sur 5 ans) dépendante du type d’aménagement implanté et des superficies conservées
  • Période de dépôt en continu
  • Contactez la Fédération de l’UPA de la Montérégie pour plus d’information
Jusqu'à
50 000$
sur trois ans

Initiative ministérielle de rétribution des pratiques agroenvironnementales – Mise en place d’aménagements favorables à la biodiversité

  • Des aménagements servant de refuges pour ennemis naturels peuvent être admissibles
  • La rétribution pourrait aller jusqu’à 50 000$ sur trois ans
  • Programme en vigueur de 2022 à 2024
  • Inscriptions ouvertes du 7 mars au 30 avril 2022 uniquement
  • Consultez le site de la Financière agricole du Québec pour plus d’information et pour vous inscrire

Retombées

Jusqu'à
59%
de diminution des dégâts potentiels de ver de l'épi du maïs attribué à la présence de chauve-souris

Les amphibiens, les chauve-souris et les oiseaux champêtres effectuent un contrôle des insectes largement sous-estimé. Les chauve-souris et les amphibiens participent au contrôle des papillons et des coléoptères (chrysomèles, altises, charançons, etc.). Ces derniers peuvent être encouragés respectivement par l’aménagement de milieux humides et de nichoirs. À juste titre, la petite chauve-souris brune, la plus importante au Québec, peut ingérer son poids en insectes en une seule nuit.  Pour savoir comment attirer ces dernières, consultez le guide du Groupe chiroptères Québec. À titre d’exemple, la présence de chauves-souris dans un champ de maïs sucré pourrait diminuer les dégâts sur l’épi du ver de l’épi du maïs de 59% ainsi que les attaques de champignon qui y sont reliées de 20%.

Personnes-ressources

Annabelle
Firlej

chercheure
IRDA

Julie
Bellefroid

chargée de projet
Dura-club

Elisabeth
Lefrançois

agronome
MAPAQ

Rédigé par Philippe Jetten-Vigeant, agr. et Nicolas Chatel-Launay, B.Sc., entomologiste

En collaboration avec Josée Boisclair, agr.