DESCRIPTION TECHNIQUE

La confusion sexuelle consiste à entraver l’accouplement des insectes dont le mâle localise la femelle grâce à des phéromones. Le principe est simple : on installe des diffuseurs pour saturer les champs ou les vergers d’une phéromone synthétique, semant ainsi la confusion chez le mâle qui n’arrive plus à trouver de partenaire pour s’accoupler. En somme, moins d’accouplement, moins de bébés et donc moins de dommages. Dans certaines situations, on peut attirer les mâles dans des «cabanes» pour qu’ils soient recouverts de phéromones femelles. Ils vont non seulement être désorientés, mais vont aussi servir de diffuseurs ambulants.

La confusion sexuelle ne permet peut-être pas un contrôle parfait des ravageurs, mais elle permet de réduire les applications de pesticides. Son efficacité est optimale lorsque la pression des ravageurs est faible, puisque les chances statistiques qu’un mâle tombe sur une femelle par hasard sont plus faibles. Aussi, comme pour l’insecte stérile, la confusion sexuelle dépend du taux d’adoption. Plus tes voisins en font, plus c’est efficace parce que ça diminue les populations régionales. C’est dans cette optique que l’IRDA pilote un programme de lutte au carpocapse de la pomme avec l’objectif de convaincre au minimum 35 % des entreprises pomicoles d’utiliser la confusion sexuelle d’ici 2020.

Faits saillants

Généralités

  • Sert d’alternative à l’utilisation de spinosynes, néonicotinoïdes, pyréthroïdes, diamides et organophosphorés aux indices de risques allant de faibles à élevés

  • Utilisé sur le tiers des vergers en production au Québec en 2018 (environ 1307 ha)

  • Augmente en efficacité au long terme si les vergers voisins utilisent la même technque

  • S’applique présentement à quelques cultures fruitières

Avantages

  • Comporte très peu de risques de résistance et aucun risque de phytotoxicité

  • Favorise les ennemis naturels

  • Diminution constante des dommages aux fruits à la récolte au fil des ans sous confusion

  • Réduction de 70% et 75% des risques pour l’environnement et la santé, respectivement, après 3 ans sous confusion

  • Réduction de 70% des applications d’insecticides ciblant le carpocapse après 3 ans

Défis

  • Nécessite de la main d’oeuvre pour l’installation de diffuseurs

  • Doit être en place avant la floraison (1 fois par saison)

Champs d'application

Pomme

  • Petit carpocapse de la pomme
  • Sésie du cornouiller
  • Sésie du pommier
  • Carpocapse de la pomme
  • Tordeuse à bandes obliques
  • Tordeuse à bandes rouges
  • Tordeuse orientale du pêcher
  • Tordeuse orientale du pommier
  • Tordeuse trilignée

Raisin

  • Tordeuse à bandes obliques
  • Tordeuse de la vigne
  • Tordeuse européenne

Brocoli

  • Cécidomyie du chou-fleur

Chou-fleur

  • Cécidomyie du chou-fleur

Framboise

  • Tordeuse à bandes obliques
  • Tordeuse européenne

Bleuet

  • Sésie du cornouiller
  • Tordeuse à bandes obliques
  • Tordeuse européenne

Mise en place
à la ferme

  1. Calculer le nombre de diffuseurs requis selon le taux spécifié par le manufacturier et commande des diffuseurs

  2. Poser les diffuseurs dès la vue des premiers adultes selon le patron adapté à votre densité de plantation (consulter la fiche réalisée par l’IRDA)

  3. Dans le cas du carpocapse, un diffuseur reste efficace toute une saison

Distributeurs

Coûts

500$/ha

La conversion d’un hectare de verger en confusion sexuelle contre le carpocapse de la pomme coûte environ 500$ (500 diffuseurs/ha à 0,99$ chacun).

Subventionnés à 70%, les diffuseurs à phéromones reviennent au même coût qu’un ou deux traitements d’insecticide selon le produit utilisé, soit environ 150$/ha. Si la subvention est de 90%, le coût des diffuseurs est moindre que le coût d’achat d’un insecticide.

On peut observer une baisse des coûts au fil du temps, mais comme chaque verger a un historique propre, ce n’est pas garanti.

Subventions

70-90%
des dépenses admissibles

Programme Prime-Vert Volet 1 | Équipements et pratiques visant la réduction des risques liés aux pesticides – MAPAQ

  • 70-90 % des dépenses admissibles jusqu’à concurrence de 12 000$ / an
  • Attention si vous utilisez aussi des trichogrammes ou des mouches stériles, les subventions sont cumulatives
  • De plus, il y a un plafond de 60 000$ pour la durée du programme pour l’ensemble des équipements et pratiques visant la réduction des risques liés aux pesticides inclus dans le Volet 1
  • Programme en vigueur jusqu’en 2023

Consulter votre bureau de direction régionale ou votre agronome pour plus d’information

Personnes-ressources

Daniel
Cormier

Ph. D.
IRDA

Elisabeth
Hodgdon

M. Sc.
Université du Vermont

Rédigé par Philippe Jetten-Vigeant, agr. et Nicolas Chatel-Launay, B.Sc., entomologiste