DESCRIPTION TECHNIQUE
Tu aimes ton sol et tu veux en prendre soin? Tu as donc sûrement entendu parler des cultures intercalaires. Avant d’entrer dans les détails, parlons nomenclature, question de clarifier la différence entre des cultures intercalaires, de couverture et des engrais verts.
- Une culture de couverture, c’est une culture cultivée soit en dérobée (entre deux cultures principales) ou en intercalaire (en même temps que la culture principale);
- Une culture intercalaire, c’est une culture de couverture qui est semée en même temps que la culture principale et donc qui la côtoie pendant sa croissance;
- Un engrais vert, c’est une culture de couverture destinée à être incorporée au sol pour l’enrichir.
La grosse différence, c’est la période de semis (avant, pendant ou après la culture principale), mais le but reste le même : coloniser le sol. On prête aux cultures intercalaires (et à ses alter egos) de nombreuses propriétés : augmentation des rendements, réduction des coûts de production, amélioration du sol (structure, composition, activité biologique), protection contre l’érosion, gestion des éléments nutritifs (recyclage et bonification), contrôle des mauvaises herbes et des maladies et atténuation des impacts environnementaux liés aux cultures annuelles.
Pour arriver à de tels résultats, il est essentiel de bien choisir son mélange d’espèces en fonction de ses besoins et de la période de semis. Ainsi, il sera préférable de privilégier des mélanges complémentaires à la culture principale afin d’éviter la compétition. En effet, une culture intercalaire ne doit gêner ni la levée, ni la croissance de la culture principale. Les cultures les plus utilisées sont généralement des graminées et des légumineuses comme l’ivraie (ray-grass), le trèfle incarnat, le pois fourrager et le seigle d’automne.
Les cultures intercalaires se prêtent à différents types de production. Dans les cultures en allées (tomates, poivrons, aubergine, vergers), elles peuvent prendre la forme d’enherbement permanent où le but principal est d’améliorer la portance des allées non cultivées. Il existe aussi des systèmes de cultures intercalaires avec arbres feuillus, à ne pas confondre avec les haies brise-vent. La différence? Les brise-vents sont formées de plusieurs rangées alternées d’arbres et de cultures annuelles, alors que les cultures intercalaires sont plus souvent distribuées en rangées simples.
Faits saillants
Généralités
Avantages
Défis
Mise en place
à la ferme
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Choisir l’espèce à semer en fonction de la vigueur de la culture, des herbicides utilisés, du type de sol et du moyen de contrôle prévu. L’appui d’un agronome est conseillé.
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Déterminer les bons taux, méthodes et conditions de semis
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Semer et évaluer la levée de l’intercalaire
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Évaluer le besoin ou non d’un traitement herbicide
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Évaluer la survie hivernale s’il y a lieu puis le besoin ou non du contrôle de l’intercalaire par un traitement herbicide avant le semis de la culture suivante
Distributeurs
Coûts
Les coûts d’implantation de cultures de couverture utilisées en intercalaire comprennent le coût de la semence et des opérations culturales nécessaires à l’implantation.
Dans les grandes cultures, les coûts d’implantation oscillent entre 43$/ha pour le trèfle rouge semé dans une culture de céréale et 426$/ha pour la phacélie sous-semée dans le maïs grain (CRAAQ, 2016).
Le coût des semences est donc un facteur non-négligeable dans le choix des espèces composant les cultures intercalaires.
Subventions
- Programme en vigueur jusqu’en 2023
- 70-90% des dépenses admissibles pour l’implantation de cultures de couverture (sur un montant forfaitaire de 75$/ha)
- Maximum de 3000$/entreprise/an jusqu’à concurrence de 15 000$ pour la durée du programme (5 ans)
- Attention, les subventions pour les pratiques de conservation des sols (B) sont cumulatives aux aménagements d’ouvrages de conservation des sols (A) et ne peuvent pas dépasser 40 000$
- Superficie minimale subventionnée : 10 ha
- Financement du travail exécuté par un agronome via le Programme Services-conseils en agroenvironnement
Consulter votre bureau de direction régionale, le directeur du Réseau Agriconseils de votre région ou votre agronome pour plus d’information
- Les cultures intercalaires sont une des pratiques admissibles
- La rétribution pourrait aller jusqu’à 50 000$ sur 3 ans
- Inscriptions ouvertes du 7 mars au 30 avril 2022 uniquement, restez à l’affût d’autres appels pourraient suivre
- Programme en vigueur jusqu’en 2024
- Consultez le site de la Financière agricole du Québec pour plus d’information et pour vous inscrire
Agrisolutions climat – Volet Cultures de couverture – UPA/PGQ/CDAQ
- Destiné aux entreprises de grandes cultures produisant des grains
- Financement accordé selon la superficie ensemencée, soit 90$/ha jusqu’à concurrence de 21 600$ (240 ha) pour la saison 2022
- Superficie minimale minimale subventionnée : 20 ha
- Sont exclues les superficies faisant l’objet d’un financement provincial ou fédéral
- L’entreprise doit être accompagnée par un conseiller
- Dates d’inscription : 15 août 2022 et 15 septembre 2022
Retombées
Bien qu’il soit connu que les intercalaires ont un effet sur les rendements et les coûts de fertilisation minérale relatifs à la culture subséquente, il est impossible de généraliser.
Par exemple, en optant pour du trèfle, les économies en azote sur la culture suivante vont de 30 à 120$/ha dépendamment de plusieurs facteurs. Lorsque l’on déduit ce chiffre du coût des semis, le bilan net moyen se chiffre à un maigre 26$/ha de pertes (IRDA, 2015; OMAFRA, 2017). Outre l’apport en azote, les cultures intercalaires ont de retombées plus difficiles à chiffrer : elles peuvent servir de culture de couverture, d’engrais vert, de production semencière (afin d’abaisser le coût des semences), de culture-abri en système de semis sous couvert végétal permanent (SCV) ou encore de prairie. Sous ces formes, les intercalaires contribuent à l’amélioration de la structure du sol (apport de matière organique, décompaction, etc.), retiennent les nutriments lessivables comme l’azote et diminuent les populations de certains ravageurs comme la chrysomèle des racines, la pyrale du maïs et le nématode à kyste du soja dans le cas du trèfle.
Recherche & développement
Personnes-ressources
Pour plus d’informations
Rédaction : Philippe Jetten-Vigeant, agr et Nicolas Chatel-Launay, B.Sc., entomologiste